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Juin
Un deuxième article dans Actu.fr
Par Guy Môquet • Publié le 20/06/2025
Par Guy Môquet • Publié le 20/06/2025
Val-de-Marne. L'unique école orchestre de France sur la corde raide : "On nous coupe l'herbe sous le pied"
L'école Guy Môquet, à Nogent-sur-Marne, a monté un orchestre à l'échelle de tout l'établissement. Un projet "unique en France", aujourd'hui menacé par les restrictions budgétaires.
L’école orchestre Guy Moquet sur scène. (©Photo transmise à actu Paris)
Par Augustin Delaporte
Publié le 19 juin 2025 à 7h54
C’est un lieu assez unique en région parisienne. Après avoir partagé ses locaux avec le conservatoire associatif de Nogent-sur-Marne, la petite école Guy Môquet, au départ essentiellement fréquentée par des élèves de milieux modestes, a connu un tournant au cours des années 90, lorsque son directeur a eu l’idée de mêler les deux univers. Depuis, l’initiation au violon est la marque de fabrique de l’établissement du Val-de-Marne.
Un projet qui a encore pris davantage d’ampleur en 2023, avec le développement d’une véritable école-orchestre symphonique, où tous les instruments sont enseignés. Un « cas unique en France », aujourd’hui en péril, à cause du choix de l’État de subitement suspendre la dernière échéance d’un financement qui devait s’étaler sur trois ans. La directrice de l’établissement cherche désormais, par tous les moyens, une manière de combler cette perte chiffrée à près de 15 000 euros.
Rendre la pratique d’un instrument accessible
Lancée par le gouvernement à l’automne 2022, la démarche « Notre école, faisons-la ensemble » (Nefle) avait pour vocation de booster la réussite des élèves et de réduire des inégalités scolaires, en faisant émerger des initiatives au niveau local.
Les dossiers retenus pourraient ainsi bénéficier des 500 millions d’euros du fonds d’innovation pédagogique. Nommée à la direction de l’école Guy Môquet il y a trois ans, Laetitia Couteau détaille : « Quand je suis arrivée, la mairie venait de réduire notre budget et il fallait que l’on trouve un financement. On a donc sauté sur l’opportunité Nefle, on a travaillé dur sur l’appel à projets et on a finalement été sélectionné. »
La promesse ? Une enveloppe de 47 200 euros sur trois ans. Répartis comme suit par l’équipe pédagogique : 2 200 euros pour l’achat d’instruments et 15 000 euros chaque année, pour les rentrées 2023-2024, 2024-2025 et 2025-2026. Et quasiment exclusivement dédiés à la rémunération des intervenants.
Celle-ci s’ajoutant à la participation financière accordée par la ville à toutes les écoles, s’élevant à 50 euros par élève (soit environ 15 000 euros pour Guy Moquet). La directrice se souvient : « Monter ce projet, avec tous les instruments à disposition d’élèves du CP au CM2, de façon accessible, c’était une autre dimension encore… »
L’Éducation nationale rétropédale…
Mais après deux années réussies, la cheffe d’établissement a appris le 2 juin dernier que l’Éducation nationale ne verserait pas la dernière quote-part, du fait des restrictions budgétaires. Elle déplore : « On nous a dit ça lors d’une réunion de directeurs avec l’inspecteur de l’Éducation nationale, de façon totalement officieuse. J’ai essayé d’appeler le service en question, mais tout se passe à l’oral, il n’y aura rien d’écrit. » Désormais, l’équation est simple : l’école élémentaire, qui compte environ 320 élèves, doit trouver 15 000 euros – la somme équivalent à la l’ultime annuité du financement promis.
« On a lancé une cagnotte, on constitue aussi un dossier pour des subventions. Mais, même si on les obtient, il faudra attendre des mois… J’ai demandé un rendez-vous avec le maire, afin de voir ce qu’il est possible de faire. Peut-être que nous pourrions utiliser gratuitement le Théâtre Antoine Watteau pour notre concert de fin d’année ? », énumère la directrice.
Pour la fête de fin d’année de l’école, prévue le 27 juin prochain, elle espère aussi marquer le coup : « Il y aura une prise de parole et des des banderoles ». Avant de conclure : « On pensait partir en guerre dans un an, mais on nous coupe l’herbe sous le pied. Il va finalement falloir le faire dès à présent. »
L'école Guy Môquet, à Nogent-sur-Marne, a monté un orchestre à l'échelle de tout l'établissement. Un projet "unique en France", aujourd'hui menacé par les restrictions budgétaires.
L’école orchestre Guy Moquet sur scène. (©Photo transmise à actu Paris)
Par Augustin Delaporte
Publié le 19 juin 2025 à 7h54
C’est un lieu assez unique en région parisienne. Après avoir partagé ses locaux avec le conservatoire associatif de Nogent-sur-Marne, la petite école Guy Môquet, au départ essentiellement fréquentée par des élèves de milieux modestes, a connu un tournant au cours des années 90, lorsque son directeur a eu l’idée de mêler les deux univers. Depuis, l’initiation au violon est la marque de fabrique de l’établissement du Val-de-Marne.
Un projet qui a encore pris davantage d’ampleur en 2023, avec le développement d’une véritable école-orchestre symphonique, où tous les instruments sont enseignés. Un « cas unique en France », aujourd’hui en péril, à cause du choix de l’État de subitement suspendre la dernière échéance d’un financement qui devait s’étaler sur trois ans. La directrice de l’établissement cherche désormais, par tous les moyens, une manière de combler cette perte chiffrée à près de 15 000 euros.
Rendre la pratique d’un instrument accessible
Lancée par le gouvernement à l’automne 2022, la démarche « Notre école, faisons-la ensemble » (Nefle) avait pour vocation de booster la réussite des élèves et de réduire des inégalités scolaires, en faisant émerger des initiatives au niveau local.
Les dossiers retenus pourraient ainsi bénéficier des 500 millions d’euros du fonds d’innovation pédagogique. Nommée à la direction de l’école Guy Môquet il y a trois ans, Laetitia Couteau détaille : « Quand je suis arrivée, la mairie venait de réduire notre budget et il fallait que l’on trouve un financement. On a donc sauté sur l’opportunité Nefle, on a travaillé dur sur l’appel à projets et on a finalement été sélectionné. »
La promesse ? Une enveloppe de 47 200 euros sur trois ans. Répartis comme suit par l’équipe pédagogique : 2 200 euros pour l’achat d’instruments et 15 000 euros chaque année, pour les rentrées 2023-2024, 2024-2025 et 2025-2026. Et quasiment exclusivement dédiés à la rémunération des intervenants.
Celle-ci s’ajoutant à la participation financière accordée par la ville à toutes les écoles, s’élevant à 50 euros par élève (soit environ 15 000 euros pour Guy Moquet). La directrice se souvient : « Monter ce projet, avec tous les instruments à disposition d’élèves du CP au CM2, de façon accessible, c’était une autre dimension encore… »
L’Éducation nationale rétropédale…
Mais après deux années réussies, la cheffe d’établissement a appris le 2 juin dernier que l’Éducation nationale ne verserait pas la dernière quote-part, du fait des restrictions budgétaires. Elle déplore : « On nous a dit ça lors d’une réunion de directeurs avec l’inspecteur de l’Éducation nationale, de façon totalement officieuse. J’ai essayé d’appeler le service en question, mais tout se passe à l’oral, il n’y aura rien d’écrit. » Désormais, l’équation est simple : l’école élémentaire, qui compte environ 320 élèves, doit trouver 15 000 euros – la somme équivalent à la l’ultime annuité du financement promis.
« On a lancé une cagnotte, on constitue aussi un dossier pour des subventions. Mais, même si on les obtient, il faudra attendre des mois… J’ai demandé un rendez-vous avec le maire, afin de voir ce qu’il est possible de faire. Peut-être que nous pourrions utiliser gratuitement le Théâtre Antoine Watteau pour notre concert de fin d’année ? », énumère la directrice.
Pour la fête de fin d’année de l’école, prévue le 27 juin prochain, elle espère aussi marquer le coup : « Il y aura une prise de parole et des des banderoles ». Avant de conclure : « On pensait partir en guerre dans un an, mais on nous coupe l’herbe sous le pied. Il va finalement falloir le faire dès à présent. »
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